Une initiative contre nature

 

Le parti radical zurichois dépose aujourd’hui à Berne son initiative fédérale. 16 organisations environnementales, de l’Association Suisse pour la Protection des Oiseaux au WWF Suisse, qualifient ce texte lacunaire d’attaque en règle contre le patrimoine et la nature. L’initiative est malhonnête : ses auteurs prétendent simplement vouloir limiter le droit de recours mais, dans les faits, l’initiative le vide de sa substance. L’initiative s’attaque non seulement aux organisations environnementales, mais également à notre qualité de vie, à nos biens culturels et à la nature.

En lançant leur initiative durant l’automne 2004, les radicaux zurichois voulaient profiter du débat relatif au stade du Hardturm. Après de nombreuses tergiversations, le Parti Radical Suisse a décidé seulement le 19 août 2005 d’appuyer cette initiative. La récolte des signatures s’est révélée difficile et au moins 1,2 million de francs ont été investis dans la campagne. Le comité d’initiative n’a pas jugé utile d’entreprendre des recherches sérieuses. Des oppositions ont ainsi été inventées de toutes pièces pour faire signer les citoyens. Des liens absurdes entre l’activité des organisations environnementales et l’existence de 100’000 chômeurs ont créé la consternation de même que la tentative de dresser les footballeurs du FC Thoune à leur insu contre les organisations environnementales. Les radicaux zurichois ont choisi un style agressif que le PRD n’avait jamais employé jusqu’ici. Malhonnête et fatale pour notre état de droit La formulation imprécise du texte de l’initiative a pour conséquences que le droit de recours des organisations peut être complètement supprimé. Le professeur de droit Georg Müller de l’université de Zurich partage cette analyse. Si les radicaux zurichois souhaitent la suppression du droit de recours, ils doivent le formuler clairement. "L’initiative fait fi de notre état de droit car elle ne prend absolument pas en compte les lois de protection de la nature et de l’environnement qui ont été adoptées selon des procédures démocratiques" signale François Turrian, coordinateur des organisations en Suisse romande. Si une petite minorité pouvait, par le biais d’une assemblée communale, outrepasser des lois valables pour l’ensemble des Suissesses et des Suisses, on serait face à un procédé absolument anti-démocratique. C’est pourtant ce que demande l’initiative. L’initiative est une attaque en règle contre notre patrimoine Avec l’initiative Hofmann (UDC, Zurich), le droit de recours des organisations a été largement débattu au sein du Parlement et de la population, et une proposition de révision de la loi est sur la table. Le Conseil des Etats n’a pas repris la teneur de l’initiative et la commission juridique du Conseil national a même supprimé une petite allusion à cette proposition populiste. L’initiative représente une attaque en règle contre notre patrimoine. Les personnes qui s’opposent à l’initiative des radicaux zurichois et de leurs alliés ne défendent pas une politique partisane, ne s’attaquent pas au PRD, divisé sur la question, et encore moins à l’économie ou à la croissance. Bien au contraire ! Ceux qui disent NON à l’initiative défendent une Suisse vivante et des paysages attractifs. Ceux qui disent NON à l’initiative disent NON au populisme contre nature et NON au démantèlement des principes de notre état de droit. PS: Comme pour la récolte de signatures, les radicaux zurichois ont manqué de temps pour réaliser des recherches approfondies. Les organisations environnementales rejettent la plupart des accusations qui sont exagérées et mensongères. Elles le font avec détachement car, mis à part les initiants, l’objectivité a repris le dessus. Ainsi le gouvernement zurichois a clairement refusé, dans sa réponse du 5 mai 2006, le principe de l’initiative. Argumentaire des organisations environnementales contre l’initiative des radicaux zurichois : www.droit-de-recours.ch; Documents Les représentantes et les représentants des organisations environnementales seront présents à Berne le 11 mai à l’occasion du dépôt de l’initiative et sont disponibles pour des réactions. Pour toute information complémentaire : François Turrian, ASPO/BirdLife-Suisse, 079 318 77 75 (coordination romande); Raimund Rodewald, Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage, 079 406 40 47; Philipp Maurer, Patrimoine Suisse, 044 254 57 00; Carsten Schmidt, WWF, 076 393 30 60; Beat Jans, Pro Natura, 076 346 86 43; Adrian Schmid, ATE, 076 342 39 51; Christof Dietler, Coordination droit de recours des organisations, 079 777 78 37.

 

Aqua Viva, Archäologie Schweiz, Ärztinnen und Ärzte für Umweltschutz, Alpen-Initiative, Equiterre, Greenpeace, Greina-Stiftung, Helvetia Nostra/Fondation Franz Weber, Mountain Wilderness, Naturfreunde Schweiz, Praktischer Umweltschutz Schweiz, Pro Natura, Rheinaubund, SAC-Schweizer Alpenclub, Schweizerische Energie-Stiftung, Schweizerischer Fischerei-Verband, Schweizerische Gesellschaft für Höhlenforschung, Schweizer Heimatschutz, Schweizer Wanderwege SAW, Stiftung Landschaftsschutz Schweiz, SVS/BirdLife Schweiz, VCS Schweiz, WWF.