Projet d’aérodrome de Bressaucourt : la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage s’oppose à une atteinte considérable et injustifiée prévue dans un paysage bocager sensible

 

La Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage (FP) a déposé le 9 octobre dernier une opposition auprès de l’Office fédéral de l’aviation civile contre la demande d’une concession d’exploitation pour un aérodrome sur la commune de Bressaucourt, ainsi que contre la demande d’approbation du règlement d’exploitation et des plans y relatifs mis à l’enquête.

La FP juge inadmissible et injustifiée la destruction irrémédiable d’un paysage bocager remarquable et encore bien préservé qu’entraînerait la construction d’un aérodrome à l’endroit prévu, sur une surface de 13 hectares, avec un remblai de près de 250'000 m3, une piste de 800 mètres en dur, 9 hangars, un bâtiment administratif et commercial, des parkings, une route d’accès, etc.
Il faut rappeler que le site de Bressaucourt ne figurait même pas parmi les sites potentiels lors des études initiales pour l’implantation d’un aérodrome régional dans le Jura. Ce n’est qu’après le refus des communes de Courgenay et Alle, entre autres, que la commune de Bressaucourt s’est portée candidate. Le choix est donc tombé sur ce site par simple opportunisme, sans tenir compte des aspects de protection du paysage et de la nature. Après le résultat positif en votation populaire (par quelques voix d’écart seulement), obtenu en faisant miroiter aux yeux des citoyens de la commune la manne financière que représenterait l’aérodrome (510'000 francs pour le stockage des matériaux d’excavation de l’A16, 200'000 francs pour l’implantation de l’aérodrome, puis environ 23'000 francs par an pour la location du terrain et les mouvements d’avions, ainsi qu’une route d’accès à l’échangeur offerte par l’A16) et en minimisant fortement les nuisances inévitables (bruit, trafic, atteintes aux eaux souterraines, au paysage et à la nature), la commune a fait en sorte, lors d’un remaniement parcellaire, d’acquérir sans contestation les terres situées dans le périmètre du projet, afin d’éviter de futures oppositions des propriétaires concernés. Ces derniers étaient en effet largement récompensés par le règlement d’estimation des terres cotant leurs terrains à 150 points (près du double de leur valeur), qui leur permettait un échange particulièrement favorable.
La FP s’était alors (en juillet 2001) opposée à ce remaniement qu’elle considérait comme faussé, puisqu’il prenait en compte un projet fortement contestable et dont les procédures légales n’étaient même pas engagées. Elle s’était vue répondre que son opposition était déplacée et qu’elle aurait tout loisir d’intervenir lors de la mise à l’enquête concernant l’aérodrome proprement dit.
Ce qu’elle a donc fait, en maintenant fermement sa position. Elle affirme d’une part que le site, largement intact et d’une grande valeur paysagère et écologique, est particulièrement mal choisi et que les atteintes considérables du projet n’ont pas été prises en compte à leur juste valeur, aucune pesée d’intérêts digne de ce nom n’ayant eu lieu. D’autre part, elle conteste la nécessité de créer en Ajoie une infrastructure d’une telle envergure, aussi dommageable pour le paysage, étant donné le recul constant de l’aviation légère en Suisse depuis plusieurs années et son orientation prévisible vers des appareils de type «Ecolight» pour lesquels le terrain d’aviation actuel de Courtedoux est tout à fait suffisant. Ce dernier pourrait d’ailleurs être amélioré et adapté de manière à satisfaire les passionnés d’aviation, ceci sans atteintes majeures et à moindres coûts pour les contribuables du canton qui, si l’aérodrome surdimensionné de Bressaucourt devait être réalisé, seraient à court terme appelés à mettre la main au porte-monnaie pour en éponger les inévitables déficits.
La FP soutient les associations et privés qui récoltent des signatures en vue de la sauvegarde du bocage jurassien, ainsi qu’en faveur d’une votation populaire cantonale sur un éventuel futur aérodrome.

Pour tous renseignements complémentaires : FP, R. Patthey / N. Petitat, tél. 031 312 20 01, fax 031 312 57 81, e-mail info@sl-fp.ch

 

Aqua Viva, Archäologie Schweiz, Ärztinnen und Ärzte für Umweltschutz, Alpen-Initiative, Equiterre, Greenpeace, Greina-Stiftung, Helvetia Nostra/Fondation Franz Weber, Mountain Wilderness, Naturfreunde Schweiz, Praktischer Umweltschutz Schweiz, Pro Natura, Rheinaubund, SAC-Schweizer Alpenclub, Schweizerische Energie-Stiftung, Schweizerischer Fischerei-Verband, Schweizerische Gesellschaft für Höhlenforschung, Schweizer Heimatschutz, Schweizer Wanderwege SAW, Stiftung Landschaftsschutz Schweiz, SVS/BirdLife Schweiz, VCS Schweiz, WWF.